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Comme au cinéma

mercredi 30 mai 2012, par Pierrick Guillot

Juliette, Wildène, Antoine, Amandine S., Léa P. et Victoria


Qu’est ce qui fait le hors-champ dans Corniche Kennedy ?

Il y a les parents qui ne s’occupent pas beaucoup de leurs enfants. Les lecteurs aimeraient en savoir plus sur la vie familiale des adolescents, et pour certains, notamment Mario, nous souhaiterions découvrir leurs autres lieux de vie.

La vie à Marseille ne fait pas l’objet d’une caricature : à aucun moment il n’y a un dialogue avec un Marseillais autre qu’un personnage principal, aucun cliché du caractère des Marseillais n’est développé. Pourtant, l’histoire donne l’impression de ne pas pouvoir se passer ailleurs, mais elle n’en demeure pas moins universelle.

Nous avons réfléchi aussi au rôle joué par la drogue et certains passages du livre ont permis d’évoquer des scènes de séries télévisées et de films américains. En plus, cela a fait écho à l’actualité criminelle marseillaise, à la mafia.


Et si nous adaptions Corniche Kennedy pour le cinéma ?

Le personnage de Sylvestre Opéra a été au centre des réflexions. Victoria a pensé à l’inspecteur Sommerset dans Seven de David Fincher, joué par Morgan Freeman. Amandine S. a évoqué Robert de Niro. Mais Antoine a fait remarquer qu’il avait travaillé à Hyères et à Marseille, donc un acteur français semblait plus adapté. Les noms les plus cités sont Gérard Depardieu et Gérard Jugnot, mais Victoria a aussi parlé de Tchéky Karyo, à la fois gentil et méchant au cinéma.

Pour les adolescents, les filles ont insisté sur le choix de comédiens amateurs : rien de tel que de vrais jeunes, qui aiment rester entre potes. Pour les choisir, il faudrait en trouver dont la vie c’est « l’éclate », et surtout « l’adrénaline », ce petit quelque chose qui fait qu’ils aiment la vie ; ils ne sont peut-être pas tous bien dans leur peau ou super beaux, mais ils ont tous une seule et même passion : se lancer dans le vide l’espace d’un instant... (des jeunes Marseillais qui plongent vraiment, des skateurs, des surfeurs, des jeunes pratiquant le parkour...). Juliette et Wildène les imaginent avec les cheveux courts et un regard émouvant.

Nous avons tout de même joué au directeur de casting. Voici notre choix :

- dans le rôle d’Eddy : Jean Baptiste Meunier (qui a bien grandi depuis son rôle dans Le Grand Meaulnes avec Nicolas Duvauchelle, film qui était passé au cinéclub du collège) ;

- dans le rôle de Mario : Jules Sitruk (Antoine se souvient de ses rôles dans Moi César, 10 ans et demi, 1m39 et dans Vipère au poing vu cette année dans le cadre du cours sur le livre).

- dans le rôle de Suzanne : Christa Theret (Victoria l’avait bien aimée en adolescente rebelle dans LOL film français de Liza Azuelos sorti en 2009).

Pour la bande-son, Juliette et Wildène ont d’abord pensé aux bruitages : les bruits de la mer, le vent, les bateaux. Une musique plutôt douce mais profonde et rapide. Une musique de suspens.

Ensuite, quelques titres ont été évoqués :

- Pour le générique : une chanson contenant les paroles « We are young, we are free ». Après quelques recherches, notre professeur nous fait écouter Allright du groupe Supergrass.

- Opposite of adults - Chiddy bang qui irait très bien avec les moments où les "p’tits cons" bronzent sur la Corniche.

- J’temmène aux vents - Louise attaque qui irait bien avec les virées en scooter.

- Equivoque - Tunisiano qui irait bien avec les moments où ils sautent de la Corniche, mais malheureusement seul le début de cette chanson est intéressante.

Nous parlons ensuite de la notion de goût artistique et de la question des générations. Nous voulons savoir quels acteurs et quelles chansons notre professeur choisirait. Il nous parle d’abord du réalisateur Robert Guédiguian dont il a passé le film L’Armée du crime au cinéclub puisque L’Affiche rouge était au programme de l’histoire des arts. Il s’est souvenu du film Marius et Jeannette dont l’histoire se passe à Marseille et qu’il avait vu lorsqu’il était lycéen. Il a recherché le nom d’un des acteurs de ce film car il le voyait bien incarner Sylvestre Opéra : Gérard Meylan.

Pour la bande-son, il a parlé de ce qu’il écoutait à notre âge et encore aujourd’hui. Il nous a fait découvrir les Doors, les Ramones, les Runaways (des rockeuses !), IAM (un légendaire groupe de rap marseillais, On n’est pas né sous la même étoile) ou encore Bob Marley and the Wailers (du reggae qui sent la liberté et le soleil).


Les livres et films évoqués, qui ont pour thème les adolescents

- L’orchidée sauvage, livre de Mechelle Paver sorti en 2007.

- La boum, film français de Claude Pinoteau sorti en 1980.

- Le péril jeune, film français de Cédric Klapisch en 1994.

- Stand by me, film de Rob Reiner sorti en 1987.

- les Goonies, film de Richard Donner sorti en 1985.

- Entre les murs, film de Laurent Cantet sorti en 2008.

- La journée de la jupe, film de Jean-Paul Lilienfeld sorti en 2009.

- Super 8, film de J.J. Abrams sorti en 2011.

- American History X, film de Tony Kaye sorti en 1999.


La classe a vraiment hâte de vous revoir le jeudi 31 mai !

A bientôt,

les 3eT

Messages

  • Bravo les 3eT, c’est un super beau travail. Je vais montrer cela à mes 4èmes Cinéma, cela va les inspirer !
    S Fornero, professeur Fénelon

  • Bonjour,

    Quel travail dense, riche, et imaginatif !

    Le hors-champ c’est l’arrière monde du roman. C’est ce qui l’entoure et que l’on ne voit pas, mais qui est là.

    Vous identifiez trois zones de hors champ : la famille, Marseille, les intrigues policières. C’est très juste.
    L’arrière monde familial n’est pas développé. C’est à dessein. Il est là en creux. Il "brille par son absence" : c’est cela. Hormis la scène du commissariat où les parents viennent chercher les jeunes et la scène de la mère de Suzanne qui descend sur la Plate, on ne voit pas les parents et il n’est pas question d’eux. Pourtant aucun des adolescents ne vit seul et tous sont aux prises avec une vie de famille, issus d’un type de rapports affectifs et sociaux, tous ont grandi au sein de ce petit collectif qui s’appelle la famille. Ce choix de laisser les familles en hors champ est lié à l’idée que les liens qui comptent, à cet âge de leur vie, sont les liens avec ceux de la bande. Cette focale sur la bande surligne l’idée que les parents finalement n’existent pas, qu’ils n’y pensent pas quand ils sont ensemble.
    De même le choix de ne pas traiter Marseille, de tenir tout le roman sur sa marge, en marge d’elle — hormis la scène où Sylvestre Opéra raccompagne Mario — est un choix délibéré : je ne voulais pas écrire un roman « marseillais », ce qui m’intéresse c’est le rivage de tous les possibles que représente la Corniche Kennedy. En revanche, la ville est traitée comme une rumeur, comme une masse qui vibre, comme une présence.
    Enfin, les intrigues policières sont clairement en hors champ : ce sont des silhouettes qui passent au loin, des fragments d’enquête, des histoires inachevées. Pour moi, elles constituent la « légende dorée » de la Corniche et j’ai aimé les tenir lointaines, en empruntant seulement leurs codes, ceux du polar, nous en avons parlé.

    Corniche Kennedy pourrait bien devenir un film ! Et je crois que vous avez eu un certain plaisir à vous approprier cette adaptation. Qui aura bientôt lieu, j’espère.

    Le plus drôle, c’est toujours d’imaginer un casting. Oui pour Denzel Washington, mélancolique, ou Robert de Niro, mystérieux ! J’avais pensé à Vincent Lindon ou François Berléand. Mais bien entendu, les jeunes de la Plate doivent être inconnus et non professionnels— je trouve aussi que Jean-Baptiste Meunier est un peu bcbg et Christa Théret trop âgé pour le rôle.
    Les musiques sont biens vues, surtout celle du générique que j’ai découverte. Peut-être suis-je de la même génération que votre professeur car les Runaways, les Doors, ou Blondie, le punk rock ou la pop de ces années là sont aussi des musiques qui ont marqué mon adolescence. Quand j’écrivais Corniche Kennedy, je pensais cependant plutot à ces tubes féminins extraplanétaires (Alicia Keys, Shakira, Beyoncé …) et au rap.
    Robert Guédiguian est un réalisateur qui a beaucoup filmé Marseille et j’aime certains de ces films, mais, ce qui serait génial, ce serait que le réalisateur soit Abdelatif Khechiche ! Il est l’auteur de l’Esquive, un film central pour moi, et qui a beaucoup influencé mon travail dans Corniche Kennedy. Comme La fureur de vivre de Nicholas Ray, À nos amours de Maurice Pialat (l’héroïne là aussi s’appelle Suzanne), Entre les murs de Laurent Cantet ou encore les films de Larry Clark. Vous mentionnez bien des films que je ne connais pas mais que je vais aller voir.

    Cela m’a fait plaisir de vous revoir aux Subsistances et de conclure en lecture cette exploration de Corniche Kennedy !
    Bel été à tous, Maylis

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