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Sauvage ? Exercices de style. A la façon d’Oilivia Rosenthal

mercredi 25 mai 2011, par Nathalie Perek

Un monde sauvage ?

Vous êtes seul. Vos parents sont toujours derrière leur comptoir et leurs fourneaux... Vous n’avez pas connu les règles que vos amis ont, vous les enviez, vous auriez voulu avoir un parent qui vous écoute, qui vous comprend, mais ceci n’est juste qu’un rêve. Votre vie n’est que pure ironie, vous voulez des règles mais vous n’en aurez jamais.

Les tortues marines sont des êtres fascinants, elles possèdent une durée de vie deux fois plus longue que la nôtre, elles parcourent des centaines de milliers de kilomètres d’eau dans leur vie, et bravent les courants les plus dangereux de notre planète.

Vous vous rappelez le jour où vous désiriez voir le film « Océan » et que votre père, trop occupé à servir cafés et bières, vous avait oublié. Vous vous dites que si vous disparaissiez, peut-être qu’ils ne s’en rendraient pas compte. Vous êtes invisible.

Pour donner la vie à leurs progénitures, les tortues de mer enterrent leurs œufs dans le sable et quittent la plage vers d’autres courants avec leurs congénères. Ensuite au moment de l’éclosion, les fruits d’une longue attente sont livrés à eux même, ils sont seuls face au monde, ils doivent se battre pour ne pas se faire manger par les mouettes guettant leur déjeuner. Leurs parents sont loin. Peut-être occupés à d’autres choses...

David BUREAU.

L’animal sauvage en moi. Texte de Camille Dubost à la façon d’Olivia Rosenthal.
Tu connais les règles. Depuis toujours, tes parents t’ont montré un chemin à suivre et un chemin à éviter. Enfant obéissant que tu es, tu tentes de conserver une ligne de conduite irréprochable. Souvent tu aimerais emprunter le mauvais chemin. L’interdit a pour toi quelques chose de fascinant. Mais au dernier moment tu recules, car décevoir tes parents semble être le pire péché à commettre. Tu décides de désigner ta rébellion comme une quête. Tu la prépares, tu prends ton temps.
Suite à un sondage auprès de 100 personnes âgées de 2 à 80 ans, on conclut que leur préférence en matière d’animaux dépend de l’âge En effet, on a démontré que les personnes de plus de 30 ans préfèrent en moyenne la compagnie des animaux domestiques. Alors que les enfants âgés de 2 à 15 ans éprouvent généralement une fascination pour les animaux sauvages, parfois même les plus dangereux.
Ta quête semble être un dernier pas avant de quitter l’enfance. Cette décision, tu l’as prise seule. Pourtant tu éprouves des difficultés à t’aventurer dans le mauvais chemin. Tu penses qu’un compagnon t’aiderait dans ce voyage. Tu brûles d’impatience, l’animal sauvage en toi n’en peut plus d’hurler, il veut être libre. Tu voudrais que ton compagnon soit comme toi, avide de liberté, mais pour toi les seuls qui te comprennent vraiment sont les tigres, les panthères et autres animaux sauvages qu’on enferme dans des cages. Malheureusement tes parents t’ont toujours interdit de les fréquenter. La possibilité que tu t’échappes les terrifie : déjà quand tu n’étais qu’un nourrisson, ils te mettaient en garde contre les bêtes qui tenteraient de t’écarter de ta ligne de conduite.
Le psychanalyste Edouard R, de Rouen, a déclaré : « La préférence des animaux sauvages par les enfants de plus de 2 ans n’a rien d’étonnant. En effet, de plus en plus de livres, de films ou de spectacles montrent les lions, les orques, et autres animaux dits dangereux, comme les meilleurs amis de l’homme. C’est pour ça qu’il est important de rappeler aux enfants que les contes n’existent pas. Si certains enfants commencent à imiter ces animaux, cela reste normal. L’apprentissage ne sert pas seulement à donner aux enfants du savoir et des bonnes manières : il éloigne l’enfant du côté sauvage qu’il a en lui. Le jeu est pour l’enfant un moyen de laisser s’exprimer l’animal qu’il aimerait être. » Tu songes à ton cousin qui à l’âge de 5 ans a vécu sa vie à la manière d’un tigre. Tu pense qu’il ferait un bon compagnon. Qu’avec lui tu retournerais à l’état sauvage en conservant ton expérience d’humain. Mais tu sais aussi que l’idée qu’il gâche ta quête te serait insupportable et que le seul moyen de la réussir serait de prendre toutes les décisions. Tu prends conscience que pour retourner à l’état sauvage, il faudra le dominer.
Une étudiante de 15 ans, Sarah de Lille, a déclaré : « Les parents aiment les animaux domestiques car ils apprécient le pouvoir qu’ils ont sur eux. L’idée de les contrôler, de décider est pour eux une victoire par rapport à tous ce qu’ils ont raté dans l’éducation de leur propre enfant. Ils regardent leur chat, leur chien et se disent qu’au final on est plus heureux avec des règles. Cela révèle parfois un profond traumatisme. Il ne faut pas oublier qu’un jour, nos parents ont été les chats et les chiens de leurs propres parents. » Tes parents t’ont offert un animal domestique. Tu penses qu’il va t’encombrer dans ta quête de l’état sauvage : tout d’un coup, le mauvais chemin semble trop petit pour deux. Tu abandonnes l’animal domestique au coin d’une rue : le voilà maintenant devenu un animal sauvage. Alors il faut que tu le retrouves pour le ramener chez toi. Il n’est pas possible que quelqu’un d’autre redevienne sauvage avant toi. Tu le cherches pendant des heures, sous la pluie, impatient que vous rentriez tous les deux dans ta maison. Inconsciemment, tu débutes une nouvelle quête, celle de ta propre domestication.
En conclusion aux débats autour du sondage réalisé sur les préférences des hommes en matière d’animaux, on a demandé à Robert S, engagé dans la cause animale, son avis sur le sujet : « Je pense qu’une telle question est stupide. L’animal n’est ni sauvage, ni domestique. Il se soumet aux hommes mais peut dominer les autres animaux. L’homme lui restera toute sa vie soumis. Nous sommes des êtres domestiques, et les animaux restent des animaux. » Tu abandonnes ta quête de l’état sauvage. Aujourd’hui tu as réussi à réconcilier ton côté animal et ton côté humain. L’animal sauvage en toi est d’ailleurs parti, ton animal domestique lui, n’est jamais revenu. Tu l’imagines dans ce monde d’aventure, riant de l’être dominé que tu es. Toute ta vie, tu regarderas les mauvais chemins tout en suivant ta ligne de conduite. Ligne que tu ne franchiras jamais. Toi qui rêvais d’hurler avec les loups, tu noircis en silence page sur page un vieux cahier. L’écriture t’est apparue comme un défouloir, c’est avec ton cahier que tu es entré dans le monde des adultes. Bien-sûr, tu n’as jamais parlé à tes parents de ta quête. A leurs yeux, ton éducation est une parfaite réussite.

Sauvage ? Texte de Léonnie, à la façon d’Olivia Rosenthal

Vous êtes une enfant sauvage, malgré les reproches de vos parents, vous aimez l’idée qu’un jour vous dominerez le monde. Vous courez, hurlez, vous avez l’impression que le moindre faux pas vous sera fatal. Vous aimez les animaux et votre cassette de "sauvez Willy" est passé en boucle à la télévision pendant près d’un an. Vous vous souvenez du jour où quelqu’un a supprimé l’enregistrement, vous ne contrôliez plus rien !

Les orques sont des mammifères marins, ils dominent les océans, ils dominent les poissons, ils dominent mais restent soudés, ils se déplacent en meute. C’est peut être le plus important, ne pas rester seul, les dominant n’aiment pas la solitude.

Votre rêve de domination s’est évanoui. Vous préférez restez tranquille, vous avez grandi, vous vous êtes assagie, vous êtes polie, vous vous tenez bien droite, vous restez discrète. Quand vous êtes chez vous du moins, quand vous êtes en meute, vous vous sentez comprise.

Les jeunes mâles orques, trop grands, quittent la meute et se regroupent pour en former un nouvelle, avec une nouvelle dominante, des nouveaux petits. Ils recommencent une nouvelle vie avec d’autres contraintes, sans regretter leur ancien groupe.

Vous réussissez à domestiquer votre côté sauvage.

Messages

  • Merci pour ces trois textes, qui ont su réinventer la forme que je propose. Le deuxième texte (a-t-il été écrit par David ? la présentation des noms n’est pas très claire) est extrêmement documenté. Ecrire exige aussi parfois un travail préparatoire, une recherche, et on voit bien dans ce texte (truffé de statistiques) que vous avez réuni des informations précises. Sinon, je vois aussi que vos textes réfléchissent sur le sens des mots "sauvage" et "domestique". Vous ne dites jamais que l’un est supérieur à l’autre, vous montrez, grâce au parallèle avec les tortues ou avec les orques, qu’il y a des entrelacements entre sauvage et domestique et que les mots sont plus ambigus qu’ils n’y paraissent. J’espère que grâce à cet exercice, vous faites l’expérience de ce qu’est la littérature : en littérature, on n’assène pas des vérités mais on est constamment en train de chercher quelque chose et de travailler sur l’ambivalence des termes. J’ai le sentiment, en vous lisant, que c’est une chose dont vous avez parfaitement conscience.

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