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Sauvage ? Exercices de style. A la façon d’Oilivia Rosenthal

vendredi 27 mai 2011, par Nathalie Perek

Tu n’es ni sauvage ni domestiqué. Tu es une humaine qui suit le mouvement de la foule, c’est tout. Tu penses que les êtres humains ne sont ni empreints de sauvagerie, ni domestiques. Ils sont juste pour toi, pragmatiques et lunatiques, ils s’adaptent donc. Tu t’interpelles sur l’idée que, dès qu’un humain naît, il n’est sans doute plus sauvage. N’est-il pas dépendant du lait maternel et de l’attention qu’on lui porte ? Tu es donc dépendant, tu ne penses que des futilités qui ne servent pas ta survie sauvage, et tu es un toxicomane de la société qui voudrait être différent mais qui ne le sera jamais.

Certains serpents, comme le python regius ou encore l’anaconda, sont vivipares, c’est à dire qu’ils mettent bas des petits parfaitement formés et indépendants qui s’éloignent du nid dès leur naissance. Et ils partent, dans cet inconnu, qui les dévorera peut-être (sous la forme d’un vietnamien mangeur de serpents ou bien d’un autre serpent mangeur également de plus petits serpents).

Tu te demandes si toi aussi tu vas te faire manger si tu es différent ou que tu quittes ton "nid" trop tôt. Par un vietnamien ou un serpent ? En tout cas tu frôles les murs quand tes parents ne peuvent pas venir te chercher et que tu marches seule dans la rue.
Et tu te demandes, sauvage c’est CA ? Être libre, sauvage et perdu avec la possibilité de se faire gober tout rond à chaque coin de rue ? Tu rentres dans le moule et tu ne cherches pas à en sortir.

Mais si sauvage c’est être libre, sans limites ni règles alors rien n’est sauvage : La fourmi (sauvage) n’est-elle pas obligé de rester à son rang d’ouvrière, de guerrière ou bien de fourmis-réserves ? Le lynx boréal, solitaire (et sauvage) vivant dans les forêts de Russie n’est-il pas obligé de respecter les territoires des autres si il ne veut pas d’affrontements ?

Donc tu en conclus que le monde sauvage dont tu rêves tant, que tu veux sauver de la déforestation, du braconnage et du réchauffement climatique et de bien d’autres choses n’est pas plus sauvage que tu ne l’es. Mais il n’est pas non plus domestique car bien de nombreux et malheureux accidents ont eu lieu pour te montrer le contraire : la légende du lion attaquant son dresseur au cirque est bien fondée que tu ne le veuilles ou non et les animaux peuvent parfois être dangereux tu le sais bien. Ce ne sont plus les peluches avec lesquelles tu jouais autrefois. Tu as besoin de limite pour ne pas dévorer ton dresseur.

Mais maintenant tu sais, oui, tu connais une personne qui est à la fois un animal totalement sauvage et une petite créature tellement dépendante. Ta sœur. Elle n’a ni limites, ni tabous : quelque chose l’énerve, elle l’envoie valser, un vêtement la gêne elle l’enlève, si elle pouvait parler, tu es sûre qu’elle dirait à chaque fois la vérité. Elle plus simple que la simplicité et plus lucide que Bouddha. Mais elle est si fragile cette "petite sœur" de 19 ans, qui rit et pleure en même temps. Ne se laissant apprivoiser que le temps d’un regard. Tu aimerais à la fois être comme elle et trouver la personne qui t’apprivoisera avec liberté.

Et si les fous, et les "idiots" comme on les nomme étaient les seuls êtres sauvages ? Ces êtres différents (mais les humains sont déjà tous différents) qui vivent dans un monde "à côté de la plaque". Ces "trisos" qui ont le culot de ne pas respecter les règles de la société bien pensante. Qui ont pour défauts de dire la vérité même si elle fait mal. On devrait plutôt dire que ce sont des anges... Se laissant porter dans l’air pur de leur monde décalé que eux seuls voient.

Dans la nature un individu malade ou faible, tel qu’il soit, ne survit pas longtemps et deviennent la cible des prédateurs. En Afrique, les carnivores tels que le Lion ou le Léopard préfèrent s’attaquer à des animaux malades ou jeunes ce qui permet de garder le groupe d’herbivores en bonne santé et de ne pas contracter de maladie et pour les prédateurs de ne pas trop s’essouffler. Vous êtes des lions ou des troupeaux. Parfois vous avez le malheur d’être un parent de l’individu malade.

Certains individus domestiqués tels que les chats ou les chiens peuvent contracter des troubles que l’on pourraient qualifier "d’humain". Troubles du comportement, agressivité excessive, ou manies touchent de nombreux animaux aujourd’hui.

Est-ce qu’ils prennent à leur place les symptômes de leur maître ? Tu ne sais pas. En tout cas, tu sais juste qu’un animal sera toujours capable de donner des coups, sauvage et libre comme domestiqué (donc même nourri, soigné, éduqué, câliné.). Tu es donc, si tu as bien compris, à la fois sauvage (capable de faire des coups bas, libre et perfide) et domestiqué ( parce que tu es nourri, soigné, câliné, éduqué et que tu peux contracter des troubles liés à ton environnement). Mais surtout tu t’adaptes. Merci Darwin !

Parfois pour te sentir libre, tu t’es baladé sur les tuiles de ton voisin dont la maison est plus basse que la tienne comme cette fois où tes parents t’ont dit que tu allais déménager et que tu n’avais pas envie de t’adapter. Puis tu es redescendue, redevenant civilisé. Tu te justifies en te disant que tu y es allé parce que tu voulais rejoindre ce chat perché sur le toit. Mais tu te mens et tu le sais.Tu t’es adapté trois fois.

Tu te mentiras, t’adapteras, rentreras dans le "moule" et en sortiras en toute discrétion, de temps en temps, furtivement, le temps de décharger tes émotions. Ton parfait alibi sera la recherche de ces pseudos-animaux sauvages. Tu le sais et tu t’en contente

Messages

  • Je reconnais le texte qui a été lu à la fin de notre dernière rencontre. C’est un texte fort parce qu’il montre que nous vivons tous dans l’incertitude, que nous nous posons beaucoup de questions pour lesquelles nous n’avons pas de réponse. Et de fait, la littérature est aussi là pour faire résonner ces questions, elle ne propose pas des vérités toute faites, elle interroge la valeur et les sens multiples des mots. Par exemple, être "fou", qu’est-ce que ça veut dire exactement ? les "fous" sont-ils plus sauvages que les "sages" ?
    Ce texte est d’autant plus étonnant qu’il ne reprend pas tout à fait la forme de Que font les rennes. En effet, l’alternance entre les deux voix (le "vous" et la voix scientifique) n’est pas stricte. En fait, le "tu" occupe plus de place que le discours scientifique et organise l’ensemble du texte. Et il y a quelque chose de bizarre : c’est la présence du "vous", 5 paragraphes avant la fin. Qui est ce "vous" ? les lecteurs ?
    En tout cas, cela mérite réflexion…

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