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L’inné, L’acquis, Le sauvage, Le domestique

mardi 7 juin 2011, par Christiane Chyderiotis

Clément D.

L’Homme est-il sauvage ?

Pour répondre à cette question, nous allons vous rapporter ici l’échange entre deux chercheurs en psychologie sociale : Mr. Maréchal, défenseur de l’idée selon laquelle l’environnement fait l’Homme et Mr. Kamala défendant lui, l’inné, le sauvage de la nature humaine :

- Mr. Kamala : Mon cher ami, vous qui défendez l’idée que l’environnement fait l’Homme, ne pensez vous pas que l’on peut dire que la langue est par exemple quelque chose de sauvage ?

- Mr. Maréchal : Et bien justement mon cher, la parole est certes quelque chose de sauvage au début de la vie, mais, avec le temps, l’enfant reproduit les paroles de ses parents et ceux-ci l’encouragent à le faire. De ce fait, la parole devient quelque chose qui relève de l’éducation et non plus du sauvage car c’est bien l’Homme qui donne en partit la parole à l’Homme.

- Mr. Kamala : Oui, vous avez peut-être raison mais les aptitudes aux activités telle que le sport ou l’art ne sont-elles pas des choses sauvages. Par exemple, si l’on prend deux personne du même âge et avec les mêmes caractéristiques physique, ne voyons-nous pas que l’une sera meilleur que l’autre en gymnastique et l’autre au saxophone ? N’est-ce donc pas la preuve du sauvage dans les aptitudes ?

- Mr. Maréchal : Et bien je répondrai à nouveau par la négative. J’admets que ces aptitudes, à la naissance, relèvent du sauvage mais, les parents, voyant que leur enfant aime dessiner ne l’inscrive t’il pas dans un cour de dessin pour qu’il s’améliore ? Je pense qu’à partir de ce moment, le don est stimulé par l’humain. L’intervention de l’Homme est là, le sauvage disparait, laissant place à l’éducation faite par le professeur.

- Mr. Kamala : Peut-être avez-vous en partie raison mais, en ce qui concerne les émotions, vous ne pouvez pas dire qu’elles ne sont pas ce qu’il y a de plus sauvage chez l’Homme.

- Mr. Maréchal : Désolé de vous contre dire cher ami mais, l’adulte n’insuffle t’il pas un code de bonne conduite à son enfant envers les autres ? Ne lui apprend t’il pas que la haine et la rage ne sont pas des émotions à montrer aux gens ? Qu’il faut plutôt être joyeux et reconnaissant que rageur et haineux ? Encore une fois l’Homme ne domestique t’il pas le jeune enfant pour qu’il devienne ce que l’on veut qu’il devienne ?
Je crois que nous n’arriverons encore pas là à nous mettre d’accord.

- Mr. Kamala : Je crois effectivement que nous n’arriverons pas à nous mettre d’accord. Mais l’intelligence et la réflexion ne sont-elles pas des choses innés chez l’Homme ?

- Mr. Maréchal : Et bien je vous répondrais que, comme le dit Jean Itard dans ses études sur Victor de L’Aveyron, un enfant sauvage, rapportées dans le livre de Lucien MALSON, Les enfants sauvages : « Dans la horde sauvage la plus vagabonde comme dans la nation d’Europe la plus civilisée, l’Homme n’est que ce qu’on le fait être. Nécessairement élevé par ses semblables, il en a contracté les habitudes et les besoins ; ses idées ne sont plus à lui ; il a joui de la plus belle prérogative de son espèce, la susceptibilité de développer l’entendement par la force de l’imitation et l’influence de la société. »
L’Homme n’est pas maître de ses idées, elles sont influencées par d’autres Hommes.

- Mr. Kamala : Certes l’éducation fait beaucoup dans la vie de l ‘Homme mais, dans une situation extrême, comme le « crash » d’un avion sur une île déserte, les survivants n’oublient-ils pas toute leur éducation et retrouvent leur instinct animal et sauvage ?
N’avons-nous pas entendu récemment, que des survivants d’un tel drame seraient devenus cannibales pour survivre ? L’Homme est un animal comme les autres : il tue pour manger, protège sa progéniture et surtout sa propre vie aux détriments de celle des autres. Dans un tel cas, plus aucun code ni aucune règle n’est valable.

Chaque Homme a une part de sauvage enfouie sous l’éducation qui la domestique.

Mais chacun choisit de montrer ou non cette part de sauvage qui sommeille en lui.

Messages

  • Jai envie de mettre en relation le texte de Clément avec celui de Julie. Sans doute parce que tous deux recourent au dialogue pour évoquer la question du sauvage et du domestique. Mais c’est amusant aussi de voir les différences entre les deux textes. Ici, on a une discussion en forme de démonstration, discussion qui n’est pas mise en contexte : les deux personnages parlent de questions qui sont au centre de leurs travaux scientifiques, ils ne sont pas deux amis qui discutent à bâtons rompus en utilisant leur vie quotidienne comme occasion de penser. La pensée n’est donc pas mise en situation, elle est simplement exposée. Je me demande s’il est utile de rappeler au début quelle est la position de chacun des protagonistes. Peut-être que Clément pourrait laisser au lecteur le soin de découvrir quelles sont les deux thèses en présence sans le dire par avance. Et aussi il serait intéressant de laisser cette discussion en suspens. De ne pas conclure, afin que le lecteur puisse choisir lui-même la position qu’il a envie de défendre.

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