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Equilibristes

lundi 23 janvier 2012, par Patricia Bonnard

Ce sont les filles qui furent les plus inspirées pour réfléchir à ces notions, les garçons étant davantage focalisés sur la "fain" d’année (jubilatoire pour certains !)...

Pour moi, la corniche représente bien l’adolescence : on est là, au bord, et on a peur de tomber dans « ça », dans « l’âge adulte », le moment où on va devenir sage, respectueux, poli. Le moment que l’on redoute depuis longtemps, le passage, le grand saut, le grand jour... Le jour où on vous vouvoie ! Le jour où on veut plus se rebeller, où on veut plus provoquer les gens, où on ne trouve plus aucun intérêt aux gros mots.
« Les p’tits cons, les emmerdeurs, la racaille... » toujours les adolescents ont une réputation de rebelles – jamais vraiment justifiée – les adultes (certains beaucoup) souvent les regardent de haut, haut, toujours plus haut. (Margaux)

« L’âge de la conquête », pour moi, c’est l’âge où on refuse d’être constamment couvé par Papa et maman, où leur envie de contrôle sur tous nos actes est si agaçante qu’on décide de cesser de s’y soumettre. A l’adolescence, on veut une autre vie, plus passionnante, plus mouvementée, pleine d’action. Malheureusement, c’est pratiquement impossible, car interdit, ou jugé comme « trop dangereux ». Ces mots qui sont ans doute les plus détestés par nous dans tout le vocabulaire de ceux qu’on nomme ’entre nous) les vieux. « Trop dangereux », cela nous transmet encore et toujours l’envie de nous garder sous l’aile.
Alors, forcément, on refuse d’obéir, face à cet excès d’expressions, nous qui sommes à la recherche de plus de liberté. Finalement, on est entre adulte et enfant, c’est beaucoup plus difficile à vivre que ça semble l’être, même avec de simples souvenirs. (Imane)

Une corniche le long de la mer, sous le soleil de l’été, m’évoque la chaleur, la limite, le trait, le fil d’un équilibriste, l’horizon sans fin, le jeu de la mort ou de la vie. Il faut survivre au choc de l’eau. La moindre hésitation peut être une erreur fatale.
Un paysage peut donner une image de l’adolescence parce que, par exemple, la corniche m’évoque le caractère autoritaire d’une personne, quelqu’un de dur. Mais en même temps, ça m’évoque une personne âgée, passive, qui a beaucoup de patience. (Éléonore)

La Corniche Kennedy, un paysage qui donne une image de l’adolescence. L’adolescent qui cherche les limites, les teste, les dépasse parfois, dans le but d’éprouver des sensations fortes, de se sentir vivant, sortir du quotidien parfois ennuyeux. On veut prouver à ceux qui nous regardent que l’on est fort, qu’on les provoque.
La corniche symbolise aussi le passage de l’adolescence à l’âge adulte, difficile pour certains, sans différence pour d’autres. C’est aussi une limite, une frontière entre les adolescents sûrs d’eux, sûrs de leur force et les adolescents plus faibles, qui suivent.
La notion de rivage peut représenter l’horizon de la vie, tous encore jeune et pleins d’avenir, des rêves plein les yeux.
La falaise qui s’arrête abruptement me fait aussi penser à tous les ados qui finissent par dépasser les limites et meurent bêtement. (Laura)

La Corniche Kennedy représenterait l’adolescence car c’est l’endroit du rassemblement des jeunes. Sauter de la corniche Kennedy serait comme dépasser la limite de l’enfance et devenir adolescent car il faut savoir prendre des risques. (Auriane)

La corniche peut représenter les adolescents car elle a une limite, c’est-à-dire quand elle se finit, mais on peut sauter dans l’eau donc on peut aller au-delà de la limite de la corniche, car les ados vont au-delà de ce qu’ils doivent faire comme la corniche.
Les p’tits cons, ça veut dire l’âge bête donc l’adolescence, car à cet âge, on ne réfléchit pas, on n’en fait qu’à sa tête, on n’écoute pas les parents, ce sont d’ailleurs les vieux (à partir de trente-cinq ans) qui disent ça en général... (Anissa)

Messages

  • Bonjour,

    Merci de vous être penchés sur cette idée qu’un âge de la vie peut correspondre à un paysage. Vos réponses sont supers !

    Margaux
    Vous êtes l’une des premières à évoquer cette peur de "tomber dans ça", dans l’âge adulte, qui signerait la fin de l’adolescence et d’une période d’émancipation, de conquête de la liberté. Il y a dans votre reflexion quelque chose comme le sentiment d’une perte, celui de la fin d’une certaine innocence, l’idée qu’il va falloir entrer dans le moule, se conformer aux codes (le vouvoiement etc…). Cela me touche car vous pointez bien cette ambivalence : il y a cette urgence à vouloir être libre, grand, indépendant, et cette peur de ne plus l’être justement. Et puis il y a votre sentiment que la jeunesse est regardée "de haut" , or ce roman essaie de la regarder avec une attention juste : ni d’en haut, ni d’en bas, mais comme elle est, et dès lors, il essaie d’interroger la place qui lui est faite dans la société — ici, les jeunes sont relégués sur une corniche, une limite, une marge : ils sont marginalisés.
    Mais cette place, ils l’occupent totalement.

    Imane
    Vous exprimez, vous aussi, cette difficulté de vivre entre deux âges, adulte et enfant en insistant sur la difficulté d’être couvé à cause du danger et le désir de prendre son envol. Ce roman veut surtout dire ce désir-là — d’ailleurs les jeunes littéralement "s’envolent" quand ils sautent, quand ils s’élancent et plongent. Et ici, ce sont bien les adulte qui trouvent les plongeons "trop dangereux" et les interdisent. Je voulais montrer comment cette interdiction qui renvoie à une prise de risque physique est aussi une volonté de contrôler les jeunes, et de freiner leur élan, comme s’il fallait canaliser, endiguer leur vitalité.

    Eléonore
    Le trait, l’équilibriste, oui !!! Vous avez raison, c’est exactement cela ! Et d’ailleurs, les jeunes de la Plate sont toujours physiquement au bord du vide, de l’abime. J’aime aussi beaucoup votre vision très singulière de la corniche : comme quoi un paysage peut aussi désigner un tempérament, un caractère.
    je n’avais jamais pensé que cette corniche puisse être "autoritaire" mais il est vrai que c’est une limite à aprivoiser…

    Laura
    Vous avez parfaitement vu ce que proposait le "signe" et vous décrivez bien ce projet romanesque : établir une correspondance entre une forme topographique et un âge de la vie, donner à une limite géographique (la corniche comme rivage) une valeur symbolique : c’est un passage entre terre et mer / c’est un passage entre enfance et âge adulte.
    J’aime beaucoup quand vous parlez de "sensations fortes", et de "se sentir vivant" car pour moi, l’adolescence est surtout un temps d’une prise de conscience, celle que l’on a un corps. C’est pourquoi l’écriture de ce texte inisiste sur la captation des sensations, des mouvements, et recherche un impact charnel, physique. Se sentir vivant, c’est quoi ? Ici, c’est par exemple plonger dans la mer, confronter son corps à cette sensation-là. Et le travail de l’écrivain est de tenter de capter cette sensation, de lui donner une forme littéraire.

    Auriane
    Oui, la corniche Kennedy est bien une représentation de l’adolescence, sa correspondance géographique. Les jeunes l’occupent comme ils occupent les marges de la ville, de la société, et effectivement sauter de la corniche est un symbole : celui d’une émancipation, d’une liberté nouvelle et plus tard, il sera celui d’une transgression. Car dans cette idée de corniche-limite, il y a bien l’idée du dépassement dont vous parlez. Aller au-delà, passer par-dessus, s’élancer plus loin.

    Anissa
    Vous aussi avez bien vu que le projet de ce livre était le jeu de correspondance entre la corniche et l’adolescence. Centré, effectivement, sur l’idée de limite, de transgression. L’idée même de la corniche induit l’idée d’un dépassement : il faut aller au-delà. Or, le dépassement est, selon moi, ce qui caractérise les héros. Le héros se dépasse, il travaille sur ses propres limites, ses résistances. Les jeunes de la bande sont des héros car ils tendent à ce dépassement, celui de leur peur, celui de leur capacité. C’est pourquoi ces "ptits cons" ont avant tout un caractère héroïque.

    Il faut maintenant que les garçons de la classe se dépassent et m’écrivent eux aussi ! Bravo aux filles qui prennent le risque de se jeter à l’eau.

    À bientôt,
    Maylis

    PS : désolée pour les coquilles et autres fautes d’orthographes… j’espère que cette "fain" d’année dernière vous aura fait rire !

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