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territoires d’adolescence

dimanche 4 mars 2012, par Véronique Chappuis

En réponse à vos propositions, certains élèves des deux classes de 3ème du collège Gilbert Dru engagées dans le projet se sont lancés à pieds joints dans l’écriture...

UN TERRITOIRE

Les carrés d’herbe en centre-ville. Cet endroit où tout un groupe de jeunes cons avec des goûts et des styles différents se rejoignent pour squatter un métro ou des carrés d’herbe, une binouze et un joint à la main. Un endroit où plein de couples se forment et explosent en même temps. En fait c’est un mélange des feux de l’amour et street fighter et plus belle la vie. Un coin pour adolescents quoi, des adolescents qui je trouve se prenne un peu trop pour des adultes alors qu’ils ont une mentalité de gamins de 4 ans. Comme style il y a un peu de tout : des gothiques, des punks, des rastas, des wesh, des gens normaux( pas si normaux que ça ), des emos, des shuffler,des métalleux enfin de tout quoi. Une grande bande d’amis. La où des fachos et des red skins peuvent se parler sans se rentrer dans le lard. Il y a toujours le même clochard, avec le même chien. Et tous les jours, il y a de nouveaux venus.

Wassim

L’adolescence

Pour moi l’adolescence c’est l’âge de la bêtise, de la découverte, du questionnement, du changement, de l’expérience. C’est comme une passerelle de l’enfance à l’âge adulte. C’est l’âge où notre corps change, où notre façon de penser ou de voir les choses change, où on commence à avoir un vraie opinion sur les choses de la vie. C’est l’âge où on ne réfléchit pas forcément avant d’agir.
C’est l’âge de la puberté, c’est l’âge où l’on se cherche. C’est l’âge où les adolescents se sentent incompris par les adultes. C’est l’âge où les histoires d’amour commencent ; c’est l’âge où on veut toujours avoir raison et où on ne supporte pas forcément la contradiction.

RUIZ DELGADO Djaïa

Pour moi, l’adolescence est le passage de l’enfance, période où tes parents son « tout le temps sur ton dos », à l’âge adulte, qui elle est la période où au contraire on essaye de se détachait petit a petit de l’oppression familiale. Ce qui à chaque fois, sauf exception, donne place à de grosses tensions au sein de la famille.
C’est aussi une période où les adolescents peuvent se sentir incompris, méprisés, rabaissés, mal dans leur peau.
C’est l’âge où l’on n’acccepte pas l’autorité (ou peu). L’adolescence, c’est une période où l’on agit sans forcément réfléchir, sans penser aux conséquences.

Julie BOYER
On dit souvent, « l’adolescence, c’est l’âge bête ». On dit aussi que c’est lâge où on se drogue, on sèche les cours, on essaye, on se bagarre, on apprend, on sort avec les copains et les copines, etc… Mais ce sont des idées que beaucoup d’adultes se font. Personnellement, je trouve que pour certains, ces excuses sont valables. D’autres, en revanche, ont un comportement se rapprochant plus des adultes. Tous les hommes passent par cette étape de la vie.
Au collège, les élèves trouvent un « territoire » et quelques élèves disent : « T’as pas le droit de venir là, c’est chez nous ! » ou « c’est notre banc ! » Il y a des jours où on voudrait vivre sur une île déserte, mais quand même avec deux ou trois copains. On se retrouve alors dans notre coin tranquille et là on discute, on s’évade, on invente de drôle de scénarios, on parle de tout et de rien.
Là aussi c’est une caricature de la jeunesse. Les jeunes sont l’avenir et parfois ils ne pensent pas tellement à leur futur et aux bonnes actions qu’ils pourraient faire.
Quelquefois, cela fait du bien de rigoler entre amis, d’aller au fast-food, au cinéma, de faire les fous. Le soir venu, on se rappelle les bons moments passés avec les copains et les copines, puis on s’endort et on en rêve encore la nuit.

Étienne Chavagneux

L’adolescence c’est l’âge des sorties, de l’amusement, des folies, de la jeunesse, des fêtes, des réseaux sociaux clic clic clic clic, de la métamorphose du corps, des relations amoureuses, de la rigolade, de la critique, des sons, de la musique, de l’attachement envers une personne, de la drague, des bisous smack smack smack, des premiers regards sournois, de la séduction, de l’imbécilité, des conneries, de l’alcool glou glou glou, de nos premières aventures sexuelles, de la cigarette, de la tristesse, du premier chagrin amoureux, de la déception, des expressions de l’adolescence genre « Ou pas, lol, Mdr ».

Mélissande Forestier

Que vois-tu ?
L’adolescence, ah, qu’est-ce qu’on peut dire comme bêtises sur l’adolescence ! On en fait souvent une période-tunnel, une époque où l’enfant, doté de raison, est censé s’emplir de changements. On voit l’adolescence comme une énergumène sauvageonne, un barbare qui ne rejette que nuisances parmi nuisances. Visuelles d’abord : l’adolescent moyen se vêtit des vêtements les plus incorrects, trop moulants ou trop larges, trop colorés ou trop underground. L’adolescent fait du chichi, il soigne don apparence avec excès, et dans l’excès. Sonores ensuite 1 : l’adolescent dégrade la musique, du rang d’art à celui de rythme lourd, dingue (on dira lourdingue) et inaudible. Au volume maximum, ces sons brutaux venus un coup de Seine-Saint-Denis, un coup des States, peuvent déprécier la qualité d’un voisinage… (En effet, quoi de pire dans une copropriété que le vis-à-vis avec une chambre d’ado2 ?!) Il y a aussi cette pollution olfactive qui se dégage massivement, oui, l’adolescent est sale. L’adolescent est enfin la pire nuisance morale de la Création, toujours de mauvaise humeur, paraît-il, apte à grincher, râler, faire valoir ses petits intérêts.
Il est un véritable autochtone, avec ses coutumes et ses lois, qui, du point de vue d’une personne extérieure, paraissent aussi absurdes qu’obscures. Souvent, on voit l’adolescent vouer un culte de la personnalité à l’une de ces étoiles éphémères du shaw-business, multimillionnaires pour brailler dans un micro, jouer dans des films vides de sens, ou abattre leur énorme mase musclée sur un adversaire catcheur. Multimillionnaires. Au final, la qualité de leur prétendu « art » n’est qu’inexistante, ils ne font tous que le même métier : gagner des montagnes de billets verts sur le dos de ces lamentables énergumènes, stupides, emprisonnés dans la société de consommation. L’adolescent honore ses débauchés qui les confrontent dans leur monde, leur univers créé de toute pièce – quoi de plus creux qu’un Bieber, de plus dénudé qu’une Gaga ?
Oui, on dit beaucoup de choses sur les adolescents.
La réalité :
C’est l’âge des mensonges, des doutes, des fausses certitudes. C’est l’âge de la folie des grandeurs et de l’orgueil. C’est un délire gigantesque, où, du fait de leur croissance en cours, les individus continuent leurs jeux d’enfants consistant à imiter le monde des adultes. Nous parlons de choses que nous ne connaissons même pas, pathétiquement magnifiques.

1. En admettant que la vitesse de la lumière est plus rapide que la vitesse du son, mais dans le cas de l’adolescent, le bruit causé transperce d’abord le tympan avant même de voir l’individu.
2. On s’accorde volontiers pour diminuer « adolescent » en ado. Pour faire plus court ou le diminuer encore un peu plus ?...

Guillaume Kouamé

Lorsqu’on lit votre livre, on est d’abord frappé par le réalisme de cette bande. Pour autant, doit-on dire que réalisme équivaut à réalité ? On a du mal à cerner le préjugé et la caricature.
En effet, l’adolescence est un thème « à la mode », qu’on se plaît à disséquer. Là où toute catégorie de la population serait révoltée d’un tel traitement, cela ne choque personne que l’on soit le sujet d’études diverses et variées. Mais qu’est-ce qu’un « adolescent » ? Terme qui d’ailleurs est devenu péjoratif, n’est-ce pas ? C’est simplement un adulte en formation, un enfant en fin de carrière. C’est le fameux exemple du verre à moitié… ou à moitié plein. Nous sommes l’objet de plus en plus d’observations et d’interrogations, bien sûr sous couvert d’excuses hypocrites, alors que nous sommes les meêm depuis, je pense, la nuit des temps.

Hugo Duterne

Messages

  • Merci de ces textes. Je n’avais pas eu le temps de les lire avant que de venir dans votre collège, le délai était trop serré, mais je crois que durant notre rencontre, nous avons parlé de l’essentiel des questions posées par ces textes.

    Vous avez réfléchi à l’adolescence, ce que représentait, pour vous, cet âge de la vie.

    Wassim, vous avez même inventé, crée votre propre Plate. Je trouve que ça "marche bien" et pense aussi que cela pourrait être développé.

    Dajaïa, Julie, Etienne, Melissande, Hugo vous avez écrit sur l’adolescence. J’aime beaucoup ces témoignages, à la fois proches et si différents.
    Djaïa et Julie font part de cette même idée que les adolescents peuvent se sentir incompris, méprisés, rabaissés, mal dans leur peau. Hugo dit même que c’est un terme devenu "péjoratif".
    Je suis d’accord mais l’adolescent est, dans le même temps, le "chouchou" de la société : comme consommateur il fait l’objet d’attentions spécifiques, il est un marché à conquérir. On crée des genres de films pour lui plaire, des collections de vêtements, de nouveaux loisirs, il est une client à séduire, à convaincre. Il est la jeunesse aussi, dans une société ou être jeune est une valeur. Je crois qu’il existe une ambivalence de l’adolescence : elle exaspère et elle fascine.

    Guillaume, ce que vous écrivez est intéressant, mais vous vous placez du place du point de vue du critique social. Corniche Kennedy n’est pas un livre de sociologie où je livrerai un discours sur l’adolescence, c’est un projet littéraire : il s’agit de capter une réalité vivante, celle d’une bande de jeunes qui se rassemblent sans faire autre chose que plonger, rire, parler ensemble. Quand vous écrivez : " l’adolescent est un véritable autochtone, avec ses coutumes et ses lois, qui, du point de vue d’une personne extérieure, paraissent aussi absurdes qu’obscures", je suis d’accord et me demande ce que cela peut opérer dans le livre : comment l’écriture construit une communauté ? Quand Hugo parle de réalisme, je suis d’accord, même si l’écriture, elle, n’est pas réaliste mais emprunte à des registres de langues différents qui incluent la poésie, l’enchantement du réel.

    Enfin, j’aime beaucoup le texte de Mélissande, cette énumération comme un poème, qui inclut des onomatopées, des expressions orales, et rassemble ainsi son monde adolescent.

    À bientôt, Maylis

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