Accueil > Archives > 2010 > Collège Jean Charcot > Olivia Rosenthal et les 3°3 du collège Charcot : l’expérience d’une (...)
Olivia Rosenthal et les 3°3 du collège Charcot : l’expérience d’une rencontre
samedi 12 mars 2011, par
Nous avons été étonnés par cette rencontre avec l’écrivain. Nous avions du mal à nous exprimer, à nous sentir légitimes et intéressants face à l’écrivain. Notre professeur nous a trouvés particulièrement inhibés alors qu’en classe nous sommes, paraît-il, beaucoup plus vifs et réactifs à propos du livre d’Olivia. Nous voudrions donc maintenant réagir sur deux points qui ont été pour nous source de discussions.
Tout d’abord, ce qui nous a mis mal à l’aise c’est qu’Olivia répondait souvent à nos questions par d’autres questions. C’est déroutant.Il est vrai que l’on a tendance à attendre des réponses fermes. Mais Olivia n’aime pas les étiquettes ni les choses classées une fois pour toutes. Elle nous l’a bien expliqué. Avec notre professeur et toute la classe on s’est donc interrogé sur cette démarche et l’on a fait le lien avec le titre qui lui- même est une question qui n’amène pas de réponse. Elle est même en décalage avec les attentes possibles du lecteur ( un livre sur Noël pour jeunes enfants) et avec la dédicace qui dirige autrement la lecture, vers un aspect plus sérieux. Olivia aime jouer de ces décalages, surprendre pour faire réfléchir et laisser plusieurs interprétations possibles.
Ensuite, Olivia a lu un passage que nous avions lu nous aussi en classe, mais à deux voix distinctes, et sur lequel nous avions longuement échangé. Sa lecture nous a semblé (volontairement ?) sans émotion, à distance du texte. Cette lecture nous a surpris car nous nous attendions à ce qu’elle soit plus chargée de sentiments, de rythme, pour qu’elle nous entraîne plus dans le texte, qu’elle nous fasse adhérer à une écriture qui nous semble parfois difficile à suivre à cause du brouillage des deux types de textes. Les différents paragraphes ont été lus par Olivia de façon identique ce qui empêche les sentiments. Mais là encore, avec l’ensemble de la classe et notre professeur, on s’ est demandé si cette lecture proposée par Olivia ne correspondait pas à une certaine qualité du récit et de l’histoire racontée : quelle place y a-t-il pour les émotions et les sentiments pour la petite fille ? Que peut-on exprimer et peut-on l’exprimer ? N’est-ce pas là une des questions du livre ? ...
Nous remercions encore Olivia pour sa visite car nous savons qu’elle s’est déplacée ce jour-là pour nous et qu’elle a effectué un marathon littéraire sans doute fatigant à Lyon.
Messages
1. Olivia Rosenthal et les 3°3 du collège Charcot : l’expérience d’une rencontre , 18 mars 2011, 16:23, par Olivia Rosenthal
Je reviens sur vos commentaires, en particulier sur vos impressions concernant la lecture que j’ai faite d’un passage de Que font les rennes. Oui, je suis restée à distance du texte. Je pense en effet que ce sont les mots qui portent l’émotion, beaucoup plus que le ton de celui qui lit. Il ne s’agit pas d’empêcher les sentiments de s’exprimer, mais de faire entendre la syntaxe exacte et le rythme de la phrase. C’est la phrase qui recèle l’émotion, c’est dans les mots qu’il faut aller la chercher. La lecture a haute voix n’est pas là pour ajouter quelque chose au texte mais juste pour le rendre audible.
D’autre part, dans ce livre en particulier, l’expression des émotions est toujours retenue. En effet, c’est l’histoire d’une petite fille qui a du mal à se mettre en contact avec ses propres sentiments et qui met beaucoup de temps à les découvrir. C’est pourquoi, dans la manière d’écrire, il y a aussi une distance, comme si le personnage était observé par un regard scientifique, comme si cette petite fille qui devient une femme était réduite à l’état de cobaye, un cobaye qu’on observe et dont on analyse les réactions.
Merci en tout cas pour votre perspicacité et à très bientôt !