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Quand les silences se font mots ...

mercredi 11 mai 2011, par Isabelle Martin

Voici trois exemples de propositions d’écriture à partir d’une même double page du livre :

(p.116)Théo :

... Pour cette raison les animaux nouveaux-nés doivent être laissés dans les chambres à gaz carbonique au moins une demi-heure après que tous les mouvements ont cessé.
C’est alors que vous vous souvenez, vous vous reconnaissez, vous vous rappelez votre enfance, du nourrisson à l’adolescence. Vous vous souvenez lorsque vous étiez une jeune enfant insouciante et lorsque votre mère essayait d’atténuer vos souffrances en vous protégeant du monde extérieur, là où il y a la vraie vie, celle qui est dure et ne fait pas de cadeaux. Lorsque vous n’étiez qu’un bébé, qu’elle vous allaitait et vous chérissait. Plus vous grandissiez, plus elle vous protégeait,même trop, beaucoup trop à votre goût. Craignant que vous n’ayez à agir toute seule, quand elle vous prenait pour une infirme sans défense, lorsqu’elle faisait des choix à votre place, craignant que vous ne fassiez pas ce qu’elle voulait que vous fassiez. Vous vous souvenez de cette protection pesante et de cette espèce d’illusion de " vie idéale" à laquelle votre mère tentait de vous faire croire, vous vous rappelez et en faites encore des cauchemars tellement cette protection était lourde. Vous vous sentiez étouffée, vous ne pouviez presque plus respirer, vous vous sentiez même inutile, n’ayant plus besoin de penser, même pas votre mot à dire. Vous vous souvenez de toutes ces limites, tellement cela vous pesait, même l’envie de les franchir s’en est allée.
Au début votre mère choisit des films pour enfant, comme si cela pouvait atténuer votre douleur de jeune fille.

(p.117)Marie :

[...]Vous vous absentez.
Vous regardez le monde d’un air distant, sans vraiment le toucher . Vous l’observez en détail tout en gardant un certain écart. Vous vous enfermez en vous-même pour tenter de vous libérer. Vous aimeriez rejoindre le monde des rennes, si fantastique. Vous continuez parfois de les imaginer mais la réalité vous rattrape aussitôt. Vous êtes frustrée de ne plus savoir rêver comme avant. Vous vous voyez grandir avec mépris en regrettant le temps passé où, sans le savoir, vous étiez peut-être plus libre. Vous observez votre entourage en vous posant de nombreuses questions pour essayer de comprendre l’absurdité de cet univers qui ne semble pas le vôtre. Pourtant vous commencez à vous faire à l’idée que peut-être, un jour, vous y serez intégré. Parfois vous vous surprenez à penser comme les autre qui vous entourent. Ceux qui se cachent de la vraie réalité. Vous avez peur de leur ressembler. Alors vous vous éloignez de nouveau encore un peu plus. Vous ne parlez plus, ou très peu. vos proches le remarquent mais vous ignorez leurs reproches. Vous esssayez de comprendre leur comportement si différent du vôtre pour les "dompter", et faire partie d’une certaine façon de leur meute. Vous avez remarqué de nombreuses choses sur l’humanité, et parmi elles, vous avez constaté ...
comme on est choqué par la mort des rats [...]

...Et Valérian

[...]Vous vous vengez par le silence. Vous vous absentez.
Vous vous placez dans votre monde comme si vous ne pouviez plus parler, entendre ni voir. Vous ignorez votre famille, vos amies. Vous évitez toute discussion. Votre regard est vide. Vous fixez votre fenêtre et vous regardez le monde extérieur avec l’envie de sortir par cette fenêtre. Mais votre mère tape à la porte de votre chambre, elle vous appelle pour souper et vous ne répondez pas. Vous n’avez rien envie d’avaler, quelque choses vous dérange,vous tracasse... Ce documentaire... La mort qui vous attend si vous n’êtes pas prête à affronter la nature et ses dangers. Vous êtes dépendante de vos parents et cela vous agace. Vous vous sentez et vous êtes faible. Faible comme tous ces animaux dans la solitude qui ne résistent ni au danger extérieur ni à la chaîne alimentaire.
Comme on est choqués par la mort des rats [...]alors qu’ils servent de proie et de nourriture au même titre que les autres.
Personne ne s’exprime pour leur défense, personne ne prendra les devants pour les secourir, tout le monde fera semblant de ne pas savoir qu’ils vont mourir. Ils sont comme vous : sans résistance, faible et dépendant des autres. Mais malgré votre envie de vous séparer de vos parents, vous ne le pouvez pas car vous êtes trop faible . Vous avez besoin d’eux.
Vous partez encore en vacances avec vos parents ...

Messages

  • Merci pour ces propositions. On découvre grâce à vos textes à quel point vous êtes capables d’entrer dans la peau du personnage présenté dans le livre à la 2e personne. Vous arrivez très bien à reprendre des choses que j’ai pu écrire, à en ajouter, à poursuivre et approfondir le point de vue du "vous". On voit aussi que la question qui vous préoccupe (et qui préoccupe ce personnage), c’est à la fois celle du rapport avec les autres et celle de la liberté. Comment accéder à la liberté ? et à soi-même ? c’est une question fondamentale posée dans ce texte et on voit bien que vous vous y intéressez de près, en essayant, non pas forcément de répondre mais de creuser et de creuser encore avec vos mots cette question. Continuez !

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