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Quand les silences se font mots (2)

mercredi 11 mai 2011, par Isabelle Martin

Au gré du livre, des espaces et des silences, voici d’autres propositions d’écriture...

Chahinez

Durant les toutes premières années de votre existence [...] De cette période, où vous vous manifestez avec une liberté qui s’est perdue par la suite, vous ne gardez aucun souvenir.
De votre naissance à vos premiers pas, vous avez tout oublié.Vous détestez tout particulièrement que votre famille, vos amis, vous remémorent ces instants, mais vous regrettez aussi amèrement cette période, ce passage de votre vie où vous étiez libre, où vous gambadiez en couche-culotte sans avoir la moindre réflexion, le moindre regard déplacé. Vous étiez libre ! libre ! Puis vous avez grandi et vous supportez de moins en moins les remarques de vos parents.
Parfois même, ils vous privent de sortie, sans connaître la raison de la punition. Vous les regardez, vous pleurez et vous partez vous réfugier, vous enfermer. Vous regardez par le fenêtre de votre chambre, le ciel est bleu, le soleil brille mais vous êtes comme prise au piège et vous vous sentez comme un animal en cage.
Dans certaines louveries, où les bêtes dressées vivent derrière les grilles...

Nadia :

Vous ne savez pas comment mais un jour vous vous échapperez.
Cette volonté est due à cette forte envie de vous émanciper, de ne plus dépendre de votre mère ou bien de votre père. Vous vous sentez épié, observé. Vous ne le supportez plus. Vous ne supportez plus d’être sous le contrôle sévère de vos parents. Alors vous vous enfermez dans votre chambre, vous serrez fort contre vous votre ours en peluche tout en rêvant d’un monde où vous seriez entourée d’animaux. Vous rêvassez un long moment jusqu’à ce que votre père débarque brusquement dans votre chambre. Il brise votre univers où seuls les animaux vous comprennent. Vous vous sentez dérangée par cet homme qui insiste pour que vous rangiez votre chambre, ce lieu sensé être intime. Vous sentez cette intimité bouleversée dès que votre père franchit la porte. Vous êtes comme ces prisonniers observés 24 heures sur 24. Des systèmes plus ou moins élaborés ont été créés afin de mieux observer les détenus.
Jérémy Bentham est surtout connu pour avoir inventé, à la fin du XVIII°s, une architecture carcérale...

Ange-Michèle :

J’ai été convoqué par le directeur du zoo [...] Il fallait qu’on les voie bien.
Il faut qu’on les voie bien, comme quand je joue au parc. Le parc est entouré de barrières, comme la cage du zoo et ma mère me demande de ne pas m’éloigner pour qu’elle me voie bien. Je ne dois pas être trop loin, mais surtout pas trop près. Quand je joue au parc je me sens libre, malgré les barrières.
Comme dans les prisons, l’animal détenu doit être toujours visible... [...]
Montrer des animaux au public, est l’une des principales missions des zoos.
Ils pensent peut-être qu’ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre. L’homme est comme cela. L’homme est curieux, il a soif des connaissance, il veut toujours découvrir de nouvelles choses, mais parfois l’homme ne sait pas comment, donc l’homme fait des expériences. Parfois l’homme viole l’intimité d’autres hommes. Pour l’homme rien ne devrait avoir de secret pour lui. L’homme est né pour être exposé.
Il arrive que votre père entre sans prévenir dans votre chambre [...]
Vous ne savez pas comment, mais un jour vous vous échapperez. Vous les quitterez, vous serez libre. Mais tout de suite, vous attendez le bon moment, cette petite ouverture qui vous permettra de vous échapper, pour le moment vous peaufinez votre plan. Car il faut que cela cesse, vous vous sentez prisonnière, enchaînée par leurs soins.Des chaînes parfois trop serrées. Vous vous sentez épiée, comme si vos murs étaient de verre. Vous pourriez les briser mais vous risqueriez de vous blesser.
Jérémy Bentham est surtout connu pour avoir inventé, à la fin du XVIII°s, une architecture carcérale...

Messages

  • Comme vos camarades, vous travaillez beaucoup ici sur la question de la liberté et de la contrainte. Mais vos textes sont vraiment axés sur la métaphore de la cage, et vous avez eu envie de reprendre et de creuser cette image, de vous en emparer. J’ai le sentiment que vous avez une conscience très aiguë des difficultés qu’on rencontre adolescent et je vous remercie de les évoquer ici avec autant de précision et de talent.
    Sinon, une petite mention pour le texte d’Ange Michèle qui essaye de sortir de la voix du "vous" pour travailler, comme j’ai pu le faire dans certains passages, de manière plus générale sur la condition humaine. C’est un exercice difficile à faire car le risque est de paraître donner des leçons aux lecteurs. Or, le livre, même si parfois il aborde des questions plus générales, n’a pas pour objectif de dire comment il faut faire pour se libérer. Il raconte seulement une expérience singulière, et chacun ensuite doit pouvoir, en tant que lecteur, rapporter cette expérience singulière à la sienne propre.

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